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  • Katell

La petite Ferme d'Emeraude : une ferme, des valeurs, des vies...

Rien de tel pour commencer ce blog de faire un lonnnng post pour décrire qui on est, ce qu'on fait et quelles sont nos valeurs... Laissez-vous guider!


Les poneys et moutons vivent en harmonie à La petite Ferme d'Emeraude


Un projet qui a déjà du vécu!


Voilà environ 10 ans qu’il mûri, évolue, change…Que je saute de joie à l’arrivée de bonnes nouvelles puis que je m’attriste lorsqu’un projet tombe… Les montagnes russes de la création de projet!

Bientôt 6 ans que la ferme existe officiellement. Le premier mai 2013 ! Oui quoi de mieux que de commencer une entreprise, non pas le jour de la fête du travail mais de la troisième fête celte de l’année : Beltaine, jour de l’été et de protection des troupeaux et de fertilité des cultures ! Deux entreprises ont été nécessaires car je n’avais pas assez de terres agricoles cultivables pour semer le Sarrasin nécessaire à ma production de galettes. Le monde agricole et les rivalités pour du foncier ne sont guère jolies…Ainsi voient le jour une ferme sous le régime cotisant solidaire et une auto-entreprise artisanale.


Cette année 2019, les choses vont changer car les animaux et moi allons séjourner durant la belle saison (mars-octobre) sur les Landes du Cap Fréhel pour les pâturer et les faire vivre!


Ce qui veut dire que mes deux entreprises vont pouvoir se réunir et créer une seule et même ferme : La petite ferme d’Emeraude - ferme Agri-culturelle du Pays Gallo (Le pays Gallo est la partie Est de la Bretagne, la Haute-Bretagne, qui a une culture différente de la partie Ouest bretonnante. On y parle le Gallo, une langue d'oïl qui n'est plus beaucoup utilisée mais qui bénéficie actuellement d'un regain d'intérêt)


Ces 10 années ont été parfois longues et difficiles autant psychologiquement que physiquement. Mais tellement passionnantes ! J’ai profité de ce temps pour construire la ferme petit à petit, tout en financement personnel. J’ai expérimenté énormément de choses afin de faire les choix entre ce qui me plaît et ce qui ne me plaît pas.

Je me suis formée aux différents métiers qu’il me faut connaître pour réaliser ce projet : Cela va de l’apprentissage à tourner les galettes, des conduites de pâturage des milieux naturels, à la comptabilité, en passant par le lien éleveur/animal ou comment accompagner les individus en fin de vie, le travail de la laine en feutrage ou filage, soudure afin d’être autonome sur la ferme, traction animale bovine… mais aussi des métiers de commerce, gestionnaire de stock, cheffe d’entreprise...

Mais mon plus gros apprentissage est venu de mes animaux que j’ai appris à connaître comme des collègues de boulots, afin de les guider au mieux dans leur vie et dans leur rôle pour la ferme et avec moi. Et autant vous dire que ça n’a pas été toujours facile non plus !

Désapprendre tout ce que je connaissais de l’élevage, des animaux en général (façon humaine) pour tout réapprendre à « la façon du monde naturel ».


Et même après 10 ans d’étude en la matière, je découvre tous les jours les choses incroyables et magnifiques de la nature, tel un petit enfant devant un magasin de bonbons !!



Pourquoi les galettes me direz-vous ?


Tout simplement parce que mon collègue qui les faisait à La Binée Paysanne (www.labineepaysanne.com) a dû arrêter et l’association de producteur recherchait quelqu’un qui reprenne le produit. Je me suis dite : « why not ! » car cela me permettra de créer une activité rémunératrice agréable, adaptée à mon emploi du temps hebdomadaire autour des animaux, durant la mise en place de ma ferme. Et cela sans avoir à rechercher du travail avec des horaires fixes m’obligeant à faire passer ma famille animale au second plan!


En deux mois j’ai acheté deux biligs krampouz d’occasion, un algeco pour la transfo, appris tout ce que je devais savoir pour me mettre à faire la galette de blé noir de par chez moi ! Car oui en Bretagne il y a plusieurs recettes de galettes ou crêpes de blé noir !

Laurent du Café de la Plage de Fréhel m’a gentiment donné la recette et la façon de faire de ses merveilleuses galettes.

Nadège, une amie potière m’a appris à tourner les galettes à la façon « pro » en me disant « t’inquiète pas dans 400 galettes ça sera bon ! »

J’ai commencé avec une galettière puis 2 puis 3…. Et maintenant je travaille avec 6 galettières en même temps. Cette manière de fonctionner a quelque chose de magique comme si une faille temporelle se faisait! Les 6 galettes sont instantanément sous 6 formes différentes de leur fabrication: La sixième encore sous forme de pâte dans le plat, la cinquième en train de chanter en tombant sur la tuile brûlante et prenant forme sous le geste de la “tournette”. La quatrième frémit encore et se fige dans sa structure encore pâlichonne, la troisième commence à prendre de la couleur pour rattraper le bronzage de la seconde et enfin la première elle, se pavane fièrement avec sa belle couleur dorée.


Il m’a fallu 6 mois pour trouver MA recette qui donne des galettes comme je les aime, goûteuses, moelleuses et qui se conservent sans sécher au moins 4 jours !

J’ai pris le parti de faire fermenter la pâte entre 8 heures et plus de 24 heures en fonction de la météo. La fermentation lactique qui se fait, permet de rendre plus digeste la cosse de blé noir présente dans la pâte.


Au début j’avais une 50aine de galettes en commande par semaine puis le bouche à oreille ayant bien fonctionné maintenant j’en transforme en moyenne 1000.

Avec le recul, je peux dire que j’ai pris la bonne décision à cette époque-là !


J’ai deux journées de fabrication : le mercredi matin et vendredi matin. Je ne veux pas faire plus afin de garder beaucoup de temps pour la vie de la ferme.

Les galettes sont toutes vendues en circuits courts : La Fée Bio de Matignon et La biocoop de Lanvallay en magasin spécialisés Bio, le marché de Léhon le samedi matin, l’association de producteurs La Binée Paysanne, et 2 AMAPs.


Dès le début, j’ai demandé la certification « Agriculture Biologique » principalement par conviction car il est important pour moi de faire de bons produits vivants et de qualité, tout en respectant la Terre. Nourrir le sol, favoriser les différents écosystèmes, développer la vie, tout cela était évident pour moi.

Sans oublier que cela me permettait d’autant plus de me situer dans une niche de commercialisation. Dans mon secteur, il y a foule d’artisans en galettes de blé noir (plus ou moins artisanales ou industrielles) mais aucun en Bio à moins de 30 kms ! Et encore moins en paysan galettier !


Donc, au début ce choix fut fait pour raison financière puis petit à petit je me suis prise au jeu d’apprendre encore et toujours un peu plus sur les galettes. « On ne devient un bon crêpier qu’au bout de 3 ans » m’a-t-on dit un jour. Et c’est vrai ! 3 ans pour comprendre pourquoi la pâte ne réagit pas pareil ce jour ci ? Ah mais oui bien-sûr, c’est à cause de la tempête ! Comment est-ce que je peux rattraper cela par la cuisson ? Comment culotter les tuiles des galettières sachant que j’utilise l’huile d’olive, chose rare dans le métier ! Mais ayant des végétariens dans ma clientèle, je ne veux pas leur faire la mauvaise blague d’utiliser du saindoux comme la majorité des personnes.


Bref, me voilà prise de passion pour la galette !


La ferme était toujours présente en parallèle, je ressentais un besoin de cohérence dans ma vie et de cohésion entre tous ces domaines. Je me suis posée la question de comment faire pour que ces deux entités soient complémentaires ? Et la réponse de commencer à cultiver mon propre blé noir (l’équivalent de 3 hectares au maximum) pour l’utiliser dans les galettes ensuite, se révéla parfaitement …. Parfaite !


Cette terre qui donne le blé noir pour les galettes la première année, puis l’avoine et le blé pour nourrir les poules ainsi que la paille pour les vaches la deuxième année puis une fois encore du Sarasin et l’avoine et le blé… retourne en pâture pour se reposer et apporter l’herbe pour les animaux qui engraissent le sol avec leurs matières organiques…Bref, si on veut utiliser un terme un peu plus scientifique :les bases de l’agro-écologie


Mais en culture de la terre, moi, je n’y connaissais rien n’étant pas issue du monde agricole comme on dit. Alors il a fallu que je pose des questions à mes collègues, que je me lance, que j’apprenne, essaie, expérimente et surtout que je trouve les graines dont j’avais envie !

Ce qui fut fait grâce à l’association des semences paysannes Triptolème avec qui j’ai pu avoir l’équivalent d’un peu plus de 2 mugs de graines de Sarrasin de Brusvily (à côté de Dinan). Perles rares car dernières rescapées et gardées par l’INRA. Au bout de 2 ans de multiplication, voilà que cette année j’ai récolté 150 kg de ces précieuses graines de pays ! C’est la magie de la Vie!


Je suis fière maintenant de semer mon blé noir à la main (j’adore voir les graines s’échapper de ma main et aller se poser sur la terre, au rythme de mes pas et du chant des oiseaux !) le regarder germer, pousser, sortir ses magnifiques fleurs au doux parfum, faner pour en sortir de belles graines tétragonales grises foncées ou zébrées. Les récolter avec ma petite moissonneuse qui n’a rien à envier aux gros monstres que l’on peut croiser sur les routes. Tout cela sous le regard de badauds petits et grands qui se sont arrêtés pour observer la scène. La paysannerie crée du contact social. L’agriculture intensive isole…


Puis après ce ramassage, la vie sauvage vient profiter de toutes les graines tombées au sol. Passereaux, rongeurs gambadent dans le champ en essayant d’éviter la buse ou le faucon qui veillent… La paille restante retournera au sol par le travail des décomposeurs, elle l’enrichira pour préparer tout ce qui va nourrir les prochaines semences. Et moi je me réjouis de voir tout cela et d’y participer !


Quelques mots peut-être sur le Sarrasin ou Blé noir. Son nom savant est : Fagopyrum esculentum Cette plante est une polygonacée. De la même famille que le Rumex ou la Rhubarbe, ce n’est pas une céréale mais une pseudo-céréale. Elle ne contient pas de gluten et de ce fait est très difficile à utiliser pour faire du pain.

On la sème entre mi-mai et mi-juin. Elle fleurit courant du mois de juillet de belles petites fleurs blanches rosées qui ont un léger parfum sucré. Toutes les fleurs ne s’ouvrent pas en même temps mais au fur et à mesure. Ce qui permet une floraison longue d’un moi à un mois et demi mais qui pose un casse-tête au paysan lors de la récolte ! Car il nous faut bien choisir notre jour pour essayer d’avoir un maximum de graines mûres encore sur la plante. En effet, au moment de la récolte, nous voyons sur la plante des fleurs encore en floraison, des fanées, des graines pas encore mûres, celles qui sont bonnes à récolter mais aussi les emplacements de celles qui sont déjà tombées…

Pour pousser, le Sarrasin se contente de terres pauvres (d’où il est originaire- Mongolie) où il sera assez petit mais avec proportionnellement beaucoup de graines. Contrairement aux terres riches où il fera plus d’1m80 avec de magnifiques feuilles en forme de cœur mais où les graines seront éparpillées et où le risque qu’il verse avec le vent est grand.

On l’utilise souvent en agriculture et en jardinage, en couvert végétal ou engrais vert. Le fait qu’il couvre bien tout le sol évite aux « mauvaises herbes » de pousser et permet de garder « le sol propre ».


Par le fait de faire moi-même mes cultures, je suis maintenant Paysanne-galettière*! Le Blé noir du champ à l’assiette ! Je monte en grade !

* Terme venant de la version régionale de Normandie pour la « galettoire » qui est le nom pour la pôele à galettes (annales de Bretagne et des pays de l'Ouest). Visiblement le mot pour désigner la personne qui fait la galette n'existe pas officiellement. J'utilise le terme de galettière en me disant que cela reste compréhensible et logique autant que peut l'être le crêpier/la crêpière.


L'orchestre symphonique.


cohabitation entre espèces différentes à la ferme.
Calme cohabitation entre espèces différentes à la ferme.


Je vous ai parlé de pâtures pour les animaux mais je ne vous ai toujours pas présenté notre orchestre symphonique !

Pourquoi ce terme ?

Cela vient de ma façon de travailler qui se répercute sur ma vision de la ferme.

Lors de visite chez nous, Marie-Christine FAVE, vétérinaire me donna une belle image du fonctionnement d’une ferme. Et depuis j’ai tout organisé de cette manière.

La ferme est comme un orchestre symphonique. Il y a des musiciens qui jouent chacun d’un instrument de musique (les animaux) et un chef d’orchestre (l’humain, moi en l’occurrence). Le rôle du chef d’orchestre est de réussir à ce que tout le monde joue la même partition au bon moment afin de créer une symphonie (la musique de la ferme).

Donc mon boulot est de gérer le groupe en entier mais aussi de laisser chaque animal musicien s’exprimer et s’épanouir avec son instrument, son rôle.

C’est un travail de tous les jours. Pas facile mais passionnant ! Et les fois où nous arrivons à tous être en harmonie, ce qu’il en ressort en magnifique !


L’équipe de la ferme comprend :


* Une humaine, Moi (je sais c’est mal-élevé de commencer par soi-même) née en 1981, j’ai fait un BAC Scientifique option écologie-biologie puis un BTSA gestion d’Espaces naturels.


* 5 Chevaux :

- Câlin ou Crâneur pour les intimes, poney croisé Shetland mâle retraité de centre équestre et doyen des animaux avec ses 28 ans. C’est le chef des chevaux

- Sarouel, cheval de trait breton mâle, chef de tous les animaux sauf Câlin…

- Inès du Bouillon, jument selle française de 22 ans mère de Dilün

- Dilün, cheval mâle de 5 ans croisé Selle français et Paint, né à la ferme

- Halloween, poney croisé Dartmoor mâle de 23 ans retraité de centre équestre et super copain de Câlin au centre équestre.


* 2 vaches de race bretonne, Froment du Léon, Escadrille et Gaïa. Race spécialisée pour le beurre. Et un bœuf, Laouen de 3 ans, né ici.


* 10 chèvres des Fossés, race locale. 5 mâles stérilisés et 5 chèvres (on a l’équité !). Les petits fromages fait maison avec leur lait sont divins !!!

Vous voulez leur noms ?? Et bah c’est parti : Baccara, Farinelly, Iduna, Lutin et sa sœur Lutig, Nominoé, Neverland, Nuaije, Nouzie et Nétée. Tous descendants de Baccara (sauf Farinelly)


* 9 moutons :

- 3 béliers ouessant (Mozart, Balthazar, Chopin)

- 2 brebis ouessant (Cajoline et Mona Lisa)

- 1 brebis Lande de Bretagne (Astarté)

- 2 béliers stérilisés landes de bretagne (Odéon et Oromis)

- 1 bélier stérilisé croisé landes de bretagne et Sognolot (Spoutnik)


* 16 poules de races coucous de rennes, noire de Janzé, marans, magalie, soie blanche… et leurs 2 coqs coucou de rennes : Puccini et Pavarotti


* 2 oies de Bavent (Oisive et Mouette) et leur jar Ouistiti


* 2 chats noirs (Elfique et Merlin)


* 1 chien croisé berger des Pyrénées du nom de Chocolat


* Et tout récemment une ânesse du nom d’Ukraine.


Durant ces années de création de la ferme, j’ai rapidement voulu me tourner vers les races Bretonnes à faibles effectifs. Et avec le recul, je ne regrette pas. Ces races sont très rustiques et superbement adaptées au climat et au terrain. Travaillant sans abris ou presque, le fait qu’elles supportent très bien le fait de vivre dehors toute l’année est un plus non négligeable.

N’oublions pas qu’elles sont restées à taille humaine avec par exemple des vaches de 1m30 contre 1m60 chez les noires et blanches Holstein, des moutons d’une trentaine de kilo contre une centaine pour les races sélectionnées…Moi qui les manipule beaucoup au licol et longe, cela reste non négligeable.

De plus, ces races n’ayant pas subies la sélection humaine, ont pu garder une diversité de leurs caractères génétiques qu’il me semble extrêmement important de faire perdurer. Car l’Homme va tellement loin dans cette sélection à la rentabilité laitière, viande… que les animaux deviennent de plus en plus fragilisés.

Sans oublier que plusieurs de ces races sont en voie d’extinction et qu’elles doivent leur survie à quelques éleveurs ou particuliers tombés amoureux d’elles.


Garder de la biodiversité des races, des espèces, des gènes, des individus est une richesse à tout point de vue ! Vive la diversité !


Voilà aussi pourquoi j’aime avoir plusieurs espèces d’animaux sur la ferme. Je trouve que toutes ensemble, elles participent à l’équilibre de la ferme et lui permet d’être bien ancrée dans son terroir.


Mais ne vous y trompez pas ! Elles ne sont pas là que pour apporter du sens à mes valeurs ! Comme nous l’avons vu plus haut avec l’image de l’orchestre, chacun à sa place et ses boulots au sein de la ferme. Et en gardant ce même état d’esprit, chacun subvient à ses besoins. Je m’explique :


* De mon côté, je transforme les galettes et les vends.

* Les poules donnent leurs œufs que je vends à quelques clients

* Les moutons donnent leur laine que nous tondons nous-même avec une amie. Nous apprenons à la travailler afin d’en faire des petits objets à vendre.

* Les chèvres donnent leur lait pour en faire de bons petits fromages qui régalent toute la famille.

* Les vaches apporteront le lait pour en faire du beurre, également pour la famille.

* Le bœuf et le trait breton vont donner leur force pour le travail de la terre (traction animale)

* Les chats régulent les rongeurs dans les réserves de foin et de graines.

* Les fruitiers donnent de quoi subvenir à la famille et permettent la vente du surplus…


Tout est en lien… Tout se lie, s’équilibre pour le bon fonctionnement de la ferme.


Les animaux sont habitués à vivre tous ensemble même si parfois ils sont répartis en deux voire trois groupes car les champs sont trop petits. Et puis c’est agréable pour eux de se retrouver quelque temps entre individus de même espèce !

Personnellement je trouve extraordinaire de les voir interagir entre eux. Que ce soit entre chevaux ou bien chevaux/chèvres… Regarder la chevrette Nétée manger le foin dans le même tas que Dilün le cheval ! Tout cela avec un air ravi ! Voir le bouc Farinelly tenir tête au bœuf Laouen et en arriver à jouer des cornes entre eux… Voir les poules montées sur le dos du mouton… Ces scènes valent bien mieux que toutes les téléréalités du monde !!


Et force est de constater que peu importe l’espèce, ils trouvent une communication commune et arrivent à s’entendre entre eux. C’est plutôt un bel espoir pour que les humains y arrivent entre eux !


Le Cap Fréhel!


Je vous disais il y a quelques lignes, cette année nous avons la joie de pouvoir aller sur une partie des landes du Cap Fréhel ! Et ça c’est une sacrée nouvelle ! Hors période de chasse donc, de mars à septembre environ, les animaux et moi allons faire une transhumance et vivre plus de 6 mois sur ce lieu magique ! Toute cette zone entre le Cap Fréhel et le Fort La Latte.


Les Landes du Cap Fréhel sur la commune de Plévenon (22)
Landes du Cap Fréhel (Plévenon -22)

Un autre avantage des races de Bretagne est qu’elles broutent et valorisent bien les pâturages rustiques comme les landes. Elles y trouvent les végétaux pour se nourrir ainsi que toutes les plantes utiles pour leur santé.

En échange, le fait de pâturer ces landes vont permettre la réouverture de certaines parties fermées par de l’ajonc ou des bruyères et donc y apporter l’espace nécessaire pour le retour d’autres espèces floristiques et faunistiques.


Par exemple nous allons pâturer une zone où il y a de la gentiane. Une plante très utile pour le papillon Azuré des mouillères, espèce menacée en France. En broutant ce secteur à certaines périodes de l’année, la gentiane va pouvoir se développer et plus il y a de gentiane, plus il y a de papillons !

Autre exemple, il y a sur le site des chauves-souris qui se nourrissent des insectes décomposeurs de bouses ou crottins. Actuellement elles sont obligées de faire quelques kilomètres pour en trouver car il n’y a plus du tout d’animaux présents autour du cap. En ramenant le troupeau proche de leurs lieux de vie, les chauves-souris vont avoir de quoi manger sur place et leur colonie en sera d’autant plus contente et prospère.


Je trouve qu’il y a quelque chose de passionnant dans le fait de pouvoir remettre un maillon manquant dans un écosystème ! Et c’est tellement utile pour l’équilibre des choses.


Donc voilà notre rythme annuel : printemps été sur le cap et automne hiver de retour dans nos terrains de St Cast le Guildo. Zone plus abritée des vents et de la pluie qui tombe à l’horizontale du cap !

Ceci permet de libérer du terrain sur St Cast pour les cultures de Sarrazin. Tout en les laissant à disposition des animaux pour l’hiver. Car je ne cultive pas sous les arbres ni à côté des haies qui bordent mes champs. Je ne veux pas abîmer les racines de ces êtres avec les outils agricoles et cela permet de laisser des bandes enherbées sur tout autour du champ. Comme ceci les insectes et petits animaux ont des abris et peuvent veiller à la limitation des ravageurs des cultures et les animaux de la ferme ont de quoi manger l’hiver.


Vous me direz : « ok ils sont sur St Cast la moitié de l’année et vont à 20 kms sur le cap l’autre moitié. Mais comment et où va-t-elle habiter ? Car il faut quand-même bien les surveiller les animaux ? »



La Cahute!


Oui en effet ! J'ai prévu d’acheter une Tiny House (www.cahute.eu ). Une maison écologique sur roue, facilement déplaçable ET autonome !! Ça c’est royal ! Les Tiny House Cahute sont construites à La Richardais (35) avec une belle éthique. Le constructeur est un de mes consommateurs de galettes. La tiny est construite en matières écologiques, elle est «équipée d’un panneau solaire qui lui permet d’être autonome en énergie. Elle est aussi équipée de toilettes à séparateur de matière. Facilement déplaçable, de petite taille, elle a un très faible impact environnemental. Et elle permet de vivre là où sont les animaux ! (bon pas sur les landes quand-même, mais pas loin.)


Les landes du Cap Fréhel, les races bretonnes, travailler avec la Nature du lieu, les semences de pays, la galette de blé noir d’ici, même mon prénom me renvoient à la culture bretonne, à mon terroir ! Je suis également chanteuse traditionnelle de Haute Bretagne (http://www.dastum.bzh - https://www.lasouatachants.com/ré-oralisation/ ) et impliquée dans la transmission de la culture Gallaise.


La culture Gallèse

La Bretagne a deux cultures et donc deux langues différentes. Le breton qui est parlé à l’Ouest de la ligne Morlaix/Vannes (Basse-Bretagne) et le Gallo qui est parlé à l’Est soit la Haute-Bretagne.

Le Gallo est une langue à part entière. Une cousine du Français. Une langue d’oïl. Les anciens du secteur l’appellent le patois car elle a été depuis plusieurs décennies, très dévalorisée. Punissant même les enfants qui la parlaient à l’école dans les années 60… Actuellement des personnes, des structures essaient de la dynamiser, de la faire vivre, de la développer pour ne pas qu’elle s’éteigne.


C’est par conviction et amour de ma culture, que je mets un point d’honneur à ancrer la ferme au territoire que ce soit par mes pratiques, les savoir-faire, les races ou espèces présentes dans la ferme, mais aussi le maintien de la langue par le biais de chants traditionnels ou de contes.


Nous avons signér la charte pour le label « Du galo dam yan dam vèr ! » proposée par l’institut du Gallo - http://institutdugalo.bzh/fr/la-charte/pour-les-associations-et-entreprises/label-niveau-1/

Logo du label "du galo dam yan dam vèr!


Pour avoir ce label j’ai proposé des actions en faveur du Galo qu’il me faudra respecter :


* Faire connaître le label et le logo autour de moi

* Rendre visible les éléments signalétiques du label.

* Enregistrer le message d’accueil de mon répondeur en gallo

* Afficher le gallo sur les étiquettes des galettes et pancakes (étiquettes en français et gallo)

* Traduire la page d’accueil de mon site internet en Gallo


Je partagerai des chants traditionnels ou des contes collectés sur le secteur lors des journées d’accueil à la ferme.



Accueil ?? Comment ça accueil ?


Bah oui, c’est quand même un peu dommage de mettre toute cette ferme en place et de rester fermés sur nous-même ! J’aime apprendre des choses, les mettre en place ou les expérimenter et les faire découvrir à d’autres. J’ai aussi cette envie de permettre à des personnes qui ne connaissent pas la vie dans une ferme comme la nôtre, des citadins, des familles qui ont envie de partager un moment avec nous tous. Des personnes qui veulent se vivre lors d’un moment dans la ferme mais aussi d’interagir avec les animaux.


Je me souviens d’une maman qui est venue en visite avec sa petite fille de 4 ans et son petit gars de 2 ans à peine et qui me dit d’un air émerveillé en caressant Halloween le poney « c’est la première fois que je caresse un poney en liberté ! Il se laisse faire ! Il a vraiment envie que je le caresse ! Habituellement ils sont toujours attachés… »


Ou bien d’un petit garçon de 6 ans hyper-actif avec troubles du comportement arrivant en courant parmi les chevaux qui partent tous au galop par peur ! Je lui explique que s’il veut les approcher, il va falloir qu’il marche tranquillement et qu’il leur demande s’ils veulent bien. Et 5 min après, je le vois accroupi dans le milieu du troupeau à discuter très sérieusement avec Dilün à 3m l’un de l’autre. Ce moment a été magique pour le petit d’homme et magique pour moi à observer.


Ce sont des moments comme ceux-là que j’ai envie de permettre aux humains de vivre. Génération après génération, la majorité des humains s’éloigne du lien à la Terre, cet ancrage si important pour notre équilibre personnel et celui du reste du monde. Plus le temps passe et plus la nature devient le moustique porteur de maladie qui vient nous empêcher de dormir, les insectes qui salissent le pare-brise de notre voiture, la pluie qui mouille et qui cache le soleil qu’on aimerait voir briller toute l’année durant. A croire que la nature devient juste quelque chose de beau à la télé ou de quoi faire des belles photos sur les réseaux sociaux.


Pourtant, les lois naturelles de l’univers régissent aussi bien la nature, les animaux, les végétaux que l’Homme. Ici aussi, une fois de plus, tout est en lien et en équilibre et tel une tour faite en Kapla, si on touche à un élément du système, c’est toute la tour qui peut s’effondrer…


Le dérèglement climatique est quelque chose d’assez vague si notre vie de tous les jours n’est pas en lien direct avec le vivant. Moi, je le vois de saison en saison, les choses évoluent à une vitesse folle ou même les arbres ont du mal à suivre et à s’adapter.

Et pourtant qui s’en inquiète sérieusement ? Trop peu de gens…Pourquoi s’inquiéter de choses qu’ils ne voient pas, qu’ils ne ressentent pas tous les jours ?




« La combinaison de l’amour de la beauté de la nature et de l’amour de la vie nous donne l’amour des êtres » dit Vandana Shiva.

Je pense que c’est en laissant les personnes découvrir à leur rythme, la nature, la vie à la ferme, au sein de notre orchestre symphonique, qu’ils vivront des choses importantes. Des choses qui peut-être leur permettront de trouver le Vivant beau, magnifique, un peu magique même. Et par cette prise de conscience individuelle, le respect de tout cela renaîtra.



J’aime aussi beaucoup cette citation d’un anonyme, que Hubert REEVES redit régulièrement : « L’Homme est l’espèce la plus insensée, il vénère un Dieu invisible et massacre une nature visible ! Sans savoir que cette nature qu’il massacre est ce Dieu invisible qu’il vénère ! »

Sans aller vers des choses aussi planétaire, j’adore voir les étincelles dans les yeux d’un enfant lorsqu’il va chercher les œufs dans le nid des poules ! et ensuite lorsqu’il le mange « c’est le plus meilleur œuf que j’ai mangé ! »



Les plaisirs simples de la vie à la ferme en présence d’animaux.


Pour les plus grands comme les adultes, il y a quelque chose d’agréable (ou pas sur le coup !) de faire quelques pas accompagné de Sarouel le cheval de trait breton de 800kg.

Ces moments nous poussent à sortir de notre zone de confort, à agir ou réagir comme nous n’avons pas l’habitude de le faire dans la vie quotidienne, à être vivant.


C’est un peu tout ça que j’ai envie de partager par le biais de l’accueil, le temps d’un après-midi ou d’une journée, m’accompagner le temps d’une mesure de notre symphonie fermière, retrouver nos racines, se reconnecter au vivant, faire les travaux de la ferme, découvrir les animaux dans leur milieu, leur façon de communiquer, comprendre notre façon de travailler, de vivre ensemble, ouvrir une parenthèse au quotidien…


Par moment, pour ceux qui le souhaite, nous prendrons le temps d’observer les animaux entre eux, de les dessiner, faire des croquis, de la poésie…


Cette ouverture, j’ai aussi envie de la partager avec le public malentendant et sourd. Je suis en train d’apprendre la langue des signes pour être suffisamment à l’aise pour communiquer avec eux et leur permettre de découvrir la vie de la ferme aisément.

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